« En Mongolie, de nombreux jalons ont été posés pour l’avenir »

Du 1er au 4 septembre 2023, Sa Sainteté le pape François a entrepris un voyage en Mongolie pour rendre visite à la communauté catholique certes petite, mais en pleine croissance dans ce pays, et pour y rencontrer d’autres dirigeants religieux. Peter Humeniuk, responsable des projets d’ACN en Asie centrale, a également participé à ce voyage. Dans un entretien avec María Lozano, il dresse un bilan de la visite pontificale et de l’impact que celle-ci pourrait avoir sur l’avenir du pays et de toute la région.

Peter Humeniuk (responsable de l'Asie centrale à ACN International) à Ulaanbaatar, Mongolie.
Peter Humeniuk (responsable de l’Asie centrale à ACN International) à Ulaanbaatar, Mongolie.

Comment résumeriez-vous les trois jours de voyage du pape en Mongolie ? Quels sont les points que vous aimeriez souligner ?

Cette visite papale, qui en a surpris plus d’un, a été précédée par la question de savoir si elle pouvait avoir lieu… – et finalement, c’est devenu un voyage pontifical couronné de succès.

Beaucoup de jalons ont été posés pour l’avenir ici en Mongolie. Je suis impressionné par l’intuition et la sensibilité du Saint-Père dans ce contexte très difficile.

Avant le voyage, beaucoup se sont demandés pourquoi le pape se rendait dans un pays dont les habitants sont principalement bouddhistes et qui compte si peu de catholiques et une si petite infrastructure ecclésiastique. Une réponse fréquente était que le pape se rendait dans les périphéries, et c’est exactement ce qu’il a fait dans le cas présent. Cependant, il s’est avéré qu’en allant dans les périphéries, le pape avait en réalité touché le centre, le cœur.

Que voulez-vous dire exactement par-là ? Quel centre a-t-il touché ?

Par centre, j’entends l’Asie centrale et orientale, le cœur même de l’Asie. Pour de nombreuses Églises locales de la région, cette visite constituait une occasion de se rassembler. Il y a eu non seulement une rencontre des représentants des Églises, des évêques et cardinaux, mais aussi de nombreux fidèles de ces Églises locales, qui se sont rassemblés pour accueillir le Saint Père. Je suis certain que ses gestes et paroles les ont guidés et orientés spirituellement.

De quels pays s’agit-il ?

En sus de la Mongolie, il est question ici de pays comme la Chine, le Vietnam, la Thaïlande, la Corée du Sud, le Japon, les Philippines, le Kazakhstan, le Kirghizistan et la Russie.

Vous croyez donc que cette visite pourrait constituer une sorte de guide pour tous ces pays ?

En Asie, à l’exception des Philippines, les chrétiens sont généralement minoritaires et vivent dans des conditions plus ou moins difficiles. Malgré, ou plutôt à cause de leurs particularités, la visite papale les a rapprochés. Ce voyage a une fois de plus mis en lumière la richesse de ces pays et régions, et il est absolument certain qu’il a inspiré les gens et les a confortés dans leur foi.

Croyez-vous que ce voyage apportera quelque chose de positif à long terme ?

Pour les États qui, par le passé, ont osé accueillir un pape, ces visites constituent un potentiel. Prenons par exemple le cas du Kazakhstan, où cela est clairement visible. Le premier voyage de Sa Sainteté Jean-Paul II en octobre 2001 a eu des conséquences positives pour l’Église locale, tout comme la visite du pape François en septembre 2022. Après ce voyage, la vie des fidèles s’est vu facilitée en de nombreux points sur le plan juridique et autres, et ils y bénéficient d’une situation bien meilleure.

Personnes venues voir le Pape lors de la rencontre avec le Président de la Mongolie
Personnes venues voir le Pape lors de la rencontre avec le Président de la Mongolie

Ce voyage en Mongolie a également posé des jalons positifs et il est donc important de s’impliquer en conséquence. Ici, dans un pays majoritairement bouddhiste, les conditions sont complètement différentes de celles du Kazakhstan, mais je pense que l’État autant que les fidèles bénéficieront de cet acte courageux. Bien entendu, il faut accorder un certain temps à ces processus, et il serait irréaliste d’attendre des résultats d’un jour à l’autre.

Un grand nombre de fidèles et d’évêques du Vietnam se sont rendus en Mongolie à l’occasion de la visite pontificale. Le Vietnam est-il également un pays où l’on s’attend à des améliorations pour les fidèles ?

Le Vietnam représente un bon exemple d’évolution positive des relations entre les États communistes et le Vatican. À l’occasion de la visite du président vietnamien au Vatican le 27 juillet 2023, et au terme de négociations préparées longtemps à l’avance, il a été conclu un accord qu’il est permis de qualifier d’historique. Désormais, un représentant apostolique résidera au Vietnam, et nous espérons que la situation des catholiques vietnamiens s’en trouvera sensiblement modifiée.

Et quel sera l’impact de ce voyage sur le soutien apporté par ACN ? L’œuvre de bienfaisance catholique a-t-elle une certaine mission à remplir en Mongolie ?

Dans ce contexte, il est important de mentionner la création en 2021 d’une conférence épiscopale d’Asie centralequi a récemment intégré la Mongolie. C’est un signe très positif. Dans le cadre de cette coopération, ACN a l’intention d’assurer et de développer son soutien aux Églises locales – y compris aux catholiques en Mongolie. Ce soutien sera proportionnel au nombre de fidèles, mais nous souhaitons contribuer à promouvoir l’existence, les conditions et les possibilités de développement de ces Églises locales.

Peter Humeniuk avec l'archevêque Tomash (Tomasz) Bernard PetaArchevêque de Maria Santissima à Astana, Kazakhstan
Peter Humeniuk avec l’archevêque Tomash (Tomasz) Bernard Peta Archevêque de Maria Santissima à Astana, Kazakhstan

À plusieurs reprises, le pape a souligné la situation particulière des périphéries, et depuis quelque temps, ACN tente d’être présent exactement dans ces zones périphériques marginalisées. Nous avons réfléchi à la manière d’adapter notre soutien aux différentes conditions et réalités afin d’agir exactement comme le pape.

Il est important de connaître les motifs de notre action. Si nous n’encourageons pas ces Églises locales peu nombreuses dans les périphéries, elles cesseront progressivement d’exister. Nous pouvons alors pronostiquer que nous les perdrons et que nous ne parviendrons plus à les revitaliser. Nous devons en être pleinement conscients. Voilà pourquoi ces pays sont prioritaires pour ACN.

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