Mozambique: L’AED annonce une aide d’urgence de 100.000 euros pour répondre à la situation d’urgence dans le pays

De nouveaux massacres djihadistes – le nombre de réfugiés augmente chaque jour.

Cabo Delgado, la province la plus au nord du Mozambique, souffre un enfer depuis octobre 2017. On estime que plus de 2 000 personnes ont été tuées dans plus de 600 attaques brutales perpétrées par des insurgés présumés de l’État Islamique et dans des contre-offensives des forces de sécurité nationale, dans neuf districts de cette région septentrionale. Plus de 310.000 personnes ont perdu leur foyer.

Les derniers massacres commis par l’État Islamique en Afrique Centrale (ISCA) viennent d’être révélés. Dimanche dernier, des présumés djihadistes auraient pris le contrôle de la ville de Muidumbe où, selon des sources locales, ils auraient décapité et démembré les corps de dizaines de personnes dans un stade de football. Des témoins ont également rapporté le massacre de plus de 15 enfants et adolescents avec leurs «tuteurs», qui s’apprêtaient à accomplir les rites d’initiation traditionnels propres à l’ethnie Makondé.

Mozambique, Cabo Delgado Novembre 2020 De nouveaux massacres par les djihadistes - le nombre de réfugiés augmente chaque jour à Cabo Delgado : Réfugiés après les récentes attaques dans la province de Cabo Deldado - réfugiés dans un camion.
Mozambique, Cabo Delgado Novembre 2020 De nouveaux massacres par les djihadistes – le nombre de réfugiés augmente chaque jour à Cabo Delgado : Réfugiés après les récentes attaques dans la province de Cabo Deldado – réfugiés dans un camion.

« Ce qu’ils veulent apparemment, c’est vider toute la partie septentrionale de la province de Cabo Delgado, en expulsant la population civile sans aucune compassion », explique Sœur Blanca Nubia Zapata à la Fondation internationale AED, depuis Pemba, la capitale de la province de Cabo Delgado.

« Plus de douze mille personnes sont arrivées au cours des deux dernières semaines. Nous sommes débordés. Des femmes et des enfants arrivent, ainsi que des personnes âgées qui marchent depuis des jours. Certaines personnes sont mortes en cours de route. Il y a 180 kilomètres à parcourir, mais vous ne pouvez pas vous imaginer l’état de nos routes, il est très difficile de marcher sur ces chemins, à travers champs. Trois ou quatre jours sans eau ni nourriture, avec des enfants sur le dos… Il y a même des femmes qui ont accouché en chemin », explique la religieuse de la Congrégation des Carmélites Thérèsiennes de Saint-Joseph.

Ces dernières semaines, des centaines de bateaux sont arrivés par la mer. En bateau, hors-bord ou en canot, les gens tentent d’échapper à la barbarie : « Nous faisons ce que nous pouvons. Nous ne pouvons souvent qu’écouter, leur demander comment ils vont. Ils ont tout laissé derrière eux pour sauver leur vie ».

« Les gens veulent s’enfuir de là, ils sont terrifiés. De nombreuses familles nous ont demandé de l’aide et nous avons sauvé les familles des enfants de l’école, avec beaucoup de difficulté, grâce à des véhicules privés et à l’aide de tiers », explique la religieuse avec tristesse.

Il y a une semaine, Mgr Luiz Fernández Lisboa, évêque de Pemba, dans une vidéo de Caritas Mozambique envoyée à la Fondation AED, s’est exprimé depuis Paquitequete, un quartier côtier de la capitale, pour décrire la situation : « Il y a déjà près de 10.000 réfugiés qui sont arrivés et d’autres continuent d’arriver. Certaines personnes ont été attaquées, d’autres quittent leur village parce qu’elles ont peur ».

« En arrivant ici, ils n’ont nulle part où dormir, il n’y a que des tentes de fortune et aucun terrain n’a encore été désigné pour les accueillir. Certaines personnes sont accueillies par des familles locales, soit parce qu’elles ont des parents ici, soit parce que ces familles sont émues par la situation et invitent des réfugiés. C’est une situation extrêmement difficile et il y a des centaines de personnes qui dorment sur la plage. Malheureusement, il y a eu des morts en cours de route, car parfois ils sont à l’intérieur des bateaux pendant deux ou trois jours en mer, ils arrivent déshydratés, malades ».

« Il s’agit d’une situation humanitaire très grave pour laquelle nous demandons, nous implorons l’aide et la solidarité de la communauté internationale », déclare Mgr Fernández Lisboa.

« En réponse à cette demande de l’évêque, nous voulons aider le diocèse de Pemba et les diocèses voisins avec une aide d’urgence pour les victimes de Cabo Delgado, en plus de l’aide que nous apportons déjà aux religieuses et aux prêtres. Mais en plus de cette aide pour des couvertures, des vêtements, de la nourriture, des produits d’hygiène ainsi que des semences et des outils de travail – soit tout ce qui sera nécessaire – nous voulons aider à soulager la plus grande des souffrances, le traumatisme. C’est pourquoi nous avons déjà mis en place un programme pour que les équipes du diocèse puissent offrir un soutien psychologique aux réfugiés traumatisés dans les paroisses », explique Regina Lynch, responsable des projets pour la Fondation AED.

« Il semble que la communauté internationale accorde enfin de l’attention à cette longue tragédie ignorée pendant de longs et douloureux mois. En février, l’AED avait publié un entretien exclusif avec Mgr Fernández Lisboa au sujet de ce drame effrayant qui était en train de se passer. Des églises avaient été incendiées et des couvents détruits, deux religieuses avaient même été enlevées. Mais presque personne n’a prêté attention à ce nouveau foyer de la terreur et de la violence djihadistes en Afrique qui touche tout le monde, chrétiens et musulmans. Espérons qu’il y aura enfin une réponse à ce drame dans le nord du Mozambique pour aider les plus pauvres et les plus abandonnés », explique Regina Lynch.

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