« Leah, cela fait trois ans que tu es aux mains de membres de Boko Haram, après avoir disparu de ton école de Dapchi, dans l’État de Yobe, dans le nord-est du Nigeria », déclare le Père Simon Okechukwu Ayogu, prêtre nigérian, à l’Aide à l’Église en Détresse (AED). Il parle de Leah Sharibu, une jeune chrétienne enlevée le 19 février 2018 par Boko Haram, l’un des groupes terroristes contemporains les plus redoutables.
Leah a 18 ans aujourd’hui (14 mai). C’est son troisième anniversaire en captivité. Leah Sharibu et ses 110 camarades de classe avaient été enlevées par des terroristes islamistes. Cependant, environ un mois plus tard, toutes les écolières ont été libérées, à l’exception de Leah, qui n’avait que 14 ans et a refusé de se convertir à l’islam comme exigé par les terroristes. Depuis lors, elle est restée en captivité.
Le Père Simon lui a envoyé ce message ainsi qu’à ses parents par l’intermédiaire de l’AED, mais le message est également destiné à alerter la société sur le sort des chrétiens dans ce pays africain : « Peut-être serait-il bon d’imaginer ce que ce serait que d’avoir une fille, une sœur, ou une nièce disparaissant pendant une journée, une semaine ou un an. Là, nous parlons de trois ans. Leah, alors que tu as 18 ans aujourd’hui, nous-mêmes, ainsi que tes parents qui sont actuellement sur des charbons ardents, attendons avec impatience le moment où tu reviendras à la maison ».
Le Père Simon Okechukwu Ayogu, âgé de 44 ans, est actuellement curé de l’archidiocèse de Braga, au Portugal. En coopération avec la fondation pontificale AED, il a plusieurs fois exposé la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouve la communauté chrétienne dans le nord du Nigeria, en raison des agissements de Boko Haram qui entend établir un califat dans cette région d’Afrique. L’enlèvement de personnes est l’un des procédés utilisés par ce groupe terroriste pour intimider les populations.
Le prêtre sait qu’il sera difficile de faire libérer Leah. Mais ce n’est pas impossible. Son message cherche aussi à être un signe d’espérance. « Nous t’attendons, et le monde entier aussi. Nous attendons ce miracle de te revoir un jour vivante ». En ce qui concerne les rumeurs indiquant que Leah Sharibu aurait pu être forcée d’épouser un commandant de Boko Haram, et même d’avoir des enfants avec lui, le Père Simon déclare : « Peu importe. Ce que nous voulons, c’est te récupérer ».
Le Père Simon Ayogu s’interroge également sur la manière dont les autorités nigérianes ont traité cette affaire : « Nous avons un gouvernement plutôt inapte, qui n’a pas été en mesure d’assurer la sécurité de ses citoyens. Un gouvernement qui devrait utiliser cette situation comme un signal d’alarme pour réviser ses capacités et prendre des décisions pour mieux faire son travail ».
En février, lors du troisième anniversaire de l’enlèvement de Leah Sharibu, l’AED a contacté le leader protestant Gideon Papa-Mallam. Il affirme que les dernières nouvelles de Leah Sharibu « sont inquiétantes », mais dit qu’il ne peut pas révéler de détails et demande « des prières et des efforts concertés, aux niveaux local et mondial, afin d’obtenir sa libération dès que possible ». « La bonne nouvelle, dit le leader protestant qui est aussi un ami de la famille de la jeune chrétienne, c’est que Leah est toujours en vie, et ce point est, de loin, ce qu’il y a de plus encourageant… »
La localisation de la jeune femme est incertaine. Gideon Papa-Mallam pense que, selon les maigres informations disponibles, « les terroristes ne gardent pas leurs prisonniers dans un seul endroit, mais les déplacent ». Par conséquent, « il est difficile de dire exactement où Leah pourrait se trouver en ce moment. Parfois, on entend dire que les otages se trouvent dans la région du lac Tchad, et parfois en République du Niger ou au Tchad… Il est difficile d’être précis ».
Si l’histoire de Leah Sharibu est extraordinaire et emblématique, c’est aussi parce qu’elle était très jeune, mais qu’elle a fait preuve d’un courage énorme face à ses ravisseurs, souligne Gideon Papa-Mallam à l’AED. Leah a décidé « au jeune âge de 14 ans, de rester fidèle à sa foi chrétienne. Quelle héroïne de la foi chrétienne est Leah ! »
Aujourd’hui (14 mai), Leah a 18 ans. Cela fait exactement 1.153 jours qu’elle a été enlevée de force par les terroristes de son école de Dachi, dans le nord-est du Nigeria.