Selon l’ancien Président Suleiman, la clé de la stabilité du Liban est la neutralité

Michel Suleiman est un homme politique catholique maronite qui a été président du Liban de 2008 à 2014, après avoir été commandant des forces armées du pays pendant dix ans. Traditionnellement, le président du Liban est issu de la population chrétienne maronite, le premier ministre est musulman sunnite et le chef de l’assemblée nationale est musulman chiite. Au cours de son mandat, le président Suleiman s’est efforcé de créer une unité entre les chrétiens, les sunnites et les chiites, mais la tâche était difficile, l’Arabie saoudite soutenant les sunnites libanais et l’Iran soutenant les chiites, en grande partie à travers son financement du Hezbollah.

Le Liban traverse actuellement une grave crise politique et économique. Aid to the Church in Need (ACN) a réagi en apportant une aide aux chrétiens appauvris. À la suite de l’explosion d’août 2020 dans le port de Beyrouth (qui a infligé de lourds dommages au quartier chrétien de la ville), ACN s’est également lancée dans un vaste programme de reconstruction des églises et des bâtiments ecclésiaux endommagés par l’explosion. Après plus d’un an d’impasse politique, un nouveau gouvernement a pris ses fonctions le 10 septembre 2021. Dans cet entretien, le président Suleiman parle à ACN de la situation politique du pays.

L’entretien a été réalisé par Diana Khaddaj pour Aid to the Church in Need.

Traditionnellement, le Liban est le symbole que chrétiens et musulmans peuvent vivre en harmonie au Proche-Orient. Quelle est la contribution des politiciens libanais à ce message ?
Nous donnons une mauvaise impression du message que représente notre pays, car nous ne sommes pas unis pour montrer une image claire du Liban. Cela devrait être la mission de chaque citoyen libanais, quelle que soit sa religion. L’apport des chrétiens dans le pays est une exigence islamique au départ, car les musulmans tiennent profondément à ce que les chrétiens soient leurs principaux partenaires.

Pourquoi les musulmans le veulent-ils ?
Fondamentalement, c’est ainsi que le peuple libanais se comporte, et c’est la vraie nature de notre peuple. Cependant, les politiciens cherchent toujours à diviser les citoyens et les intérêts sectaires divisent les partis politiques. Par exemple, les partis qui soutiennent l’Iran le font à un tel point que les citoyens chiites se sentent étrangers aux autres citoyens libanais. Cependant, à titre personnel, je garde l’espoir que les chrétiens rempliront bientôt leur véritable rôle au Liban et au Proche-Orient.

 Les politiciens chrétiens ont-ils protégé et encouragé l’implication des chrétiens au Liban ?Les politiciens chrétiens n’ont pas pu justement impliquer les chrétiens car ils ne pouvaient pas conclure d’alliances avec le Hezbollah. Dans l’ensemble, les dirigeants politiques n’ont pas pu se mettre d’accord. Il semble que le Hezbollah ne veuille conclure d’accord avec aucun parti libanais qui souhaite que le Liban soit un pays libre et indépendant. Aujourd’hui, le Liban n’est plus un pays indépendant ou libre, en raison de l’ingérence iranienne dans les affaires libanaises, favorisée par le Hezbollah qui soutient l’Iran et s’oppose aux pays arabes et aux États-Unis, ainsi qu’à l’Europe.

Que pensez-vous que les Libanais devraient faire à ce sujet ?
Tout ce dont nous avons besoin, c’est de la neutralité du Liban. Le Liban devrait être un état neutre. Ensuite, nous pourrons à nouveau nous concentrer sur nos institutions et sur la séparation de la religion et de l’État. Au Liban, les politiciens qui veulent devenir président ou premier ministre font alliance avec le parti le plus puissant du gouvernement, c’est-à-dire le Hezbollah.

La tradition veut que le président du Liban soit maronite. Est-ce que cela donne du pouvoir aux chrétiens ?
Non, parce que le président du Liban n’a pas le pouvoir de gouverner. Le premier ministre, qui, selon le même arrangement, devrait être un musulman sunnite, a plus de pouvoir que le président. J’ai suggéré qu’il y ait une rotation des postes clés entre les religions.

La renonciation à l’obligation que le président soit chrétien affecterait-elle la présence des chrétiens au Liban ?
Pas du tout. La religion du président n’a aucun effet sur les chrétiens. La question la plus importante est que le Liban ne soit pas impliqué dans les problèmes de la région.

Le pays est actuellement en crise. Que faut-il faire pour améliorer la situation ?
Nous avons des élections en mai prochain pour choisir les membres de l’assemblée nationale. C’est au peuple libanais d’élire de nouveaux représentants qui aient une bonne réputation, ne soient pas corrompus, et dont la loyauté ne soit qu’envers le Liban.

Quelle est votre vision de l’avenir ?
Rien n’est possible si nous ne rêvons pas. Les gens devraient continuer de rêver à un meilleur dénouement. Pendant ma présidence, je n’ai pas été en mesure de réaliser le rêve libanais. Ma grande réussite a été la « Déclaration de Baabda » (2012), selon laquelle le Liban ne doit pas être impliqué dans les problèmes et les guerres de la région.

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