Gaza : 733 jours de guerre et un premier pas vers la paix
A l’heure des pourparlers indirects entre émissaires israéliens et le Hamas en Egypte, l’espoir d’un début de paix germe prudemment dans le diocèse de Terre Sainte. Le curé de la paroisse catholique de Gaza est revenu pour Aid to Church in Need sur le lourd bilan de deux ans de guerre vécues depuis le 7 octobre 2023.
« Deux ans de guerre : cela semble incroyable », s’est ému le 7 octobre 2025 au soir, le père Gabriel Romanelli, curé de l’unique paroisse catholique de la Sainte-Famille à Gaza-ville, auprès d’Aid to Church in Need (ACN). Au moment où Gaza entre dans sa troisième année de guerre et où les négociations indirectes entre Israël et le Hamas se poursuivent en Egypte, à la suite du plan de paix présenté par le président américain Donald Trump, un frêle espoir naît.

Pour l’heure, les combats n’ont pas cessé. Des bombardements ont d’ailleurs eu lieu ces derniers jours à 300 mètres des murs de la paroisse de Gaza qui abrite près de 450 réfugiés. Toutefois, le père Romanelli a répété, fatigué mais sans lassitude, à ACN « espérer la fin de la guerre ». En attendant, « nous devons, confie-t-il, continuer à faire du bien, à essayer d’être des bâtisseurs de paix ». Le prêtre d’origine argentine précise la teneur de ses espoirs : « nous souhaitons que la fin du conflit arrive dans la justice et la réconciliation. Nous prions pour cela et travaillons à cela. Nous aimons tout le monde ».
Dans cette optique, le curé de Gaza peut compter sur le soutien renouvelé du Saint Père. « Le pape Léon m’a envoyé un message dans lequel il nous assure de ses prières pour la paix. Il nous dit que ses prières nous accompagnent et nous envoie sa bénédiction à tous », avait de fait écrit sur son compte Twitter, à la veille du 7 octobre, le père Gabriel Romanelli. En outre, Léon XIV a proclamé le 11 octobre journée de jeûne et de prière pour la paix. Une invitation à laquelle se joindra le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, à la tête du diocèse de Terre Sainte dont dépend la paroisse de Gaza, enjoignant à le suivre les communautés paroissiales et religieuses de son diocèse profondément blessé, sinon bouleversé, par ces deux ans de guerre au lourd bilan.

Avec quelques chiffres significatifs, le curé de Gaza dresse ainsi un état des lieux pour ACN : « après les terribles attaques du 7 octobre 2023 qui ont tué plus de 1 200 personnes en Israël, la guerre a aussi tué plus de 1 000 personnes en Cisjordanie, l’autre partie palestinienne avec Jérusalem-Est ». En ce qui concerne la bande de Gaza, on dénombre « plus de 67 000 morts dans l’enclave palestinienne dont plus de 18 000 enfants, des centaines de familles (parents et enfants) complètement effacées et plus de 166 000 blessés parmi lesquels beaucoup ont besoin d’être soignés. » Tout cela sans compter les indicibles traumatismes psychologiques. Parallèlement, le père Romanelli soulève d’autres réalités : « des milliers de personnes dont des enfants ont été amputés et plus de 400 personnes sont mortes de malnutrition. » Enfin, au niveau des infrastructures, le père argentin, membre de l’Institut du Verbe Incarné, détaille que « 90% des immeubles sont aujourd’hui endommagés ou complètement détruits. La plupart des écoles ont aussi été grandement touchées ou détruites ».
Malgré tout, un espoir est aujourd’hui permis. En témoigne les propos du cardinal Pierbattista Pizzaballa. « Pour la première fois, (…), les médias font état d’une possible nouvelle évolution positive : la libération des otages israéliens, de certains prisonniers palestiniens et la cessation des bombardements et des offensives militaires », a écrit le patriarche de Jérusalem dans un message daté du 4 octobre et adressé à tous ses fidèles. Et le prélat de poursuivre : « c’est un premier pas important et longtemps attendu. Rien n’est encore tout à fait clair et défini, de nombreuses questions restent sans réponse, beaucoup reste à définir, et nous ne devons pas nous faire d’illusions. Mais nous sommes heureux qu’il y ait tout de même quelque chose de nouveau et de positif à l’horizon ».